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Depuis son indépendance en 1960, la situation sécuritaire au Mali a été caractérisée par un niveau élevé de troubles et de conflits.  Le pays se trouve ainsi dans une situation d’instabilité chronique et de crise multidimensionnelle depuis 2012, date à laquelle le Nord et une partie du centre du pays ont été occupés par des groupes armés indépendantistes et djihadistes qui ont tenu la région sous leur joug jusqu’au déploiement en 2013 de l’Opération Serval, lancée par la France à la demande des autorités intérimaires maliennes. Après cette première intervention, le pays a connu une importante présence de forces internationales et été récipiendaire d’un grand nombre d’initiatives sécuritaires, sous l’impulsion notamment de l’Union africaine, de la CEDEAO, de l’Union européenne, de l’Organisation des Nations unies et des partenaires bilatéraux internationaux. Entre 2012 et 2015, a été signé l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, mais l’insécurité a continué de régner notamment dans le centre et le Nord du pays.

Les médias tout comme les analyses académiques ont trop souvent tendance à se concentrer sur le mode d’intervention des acteurs étatiques dans le champ de la sécurité et de la résolution des conflits. Pourtant, d’autres facteurs sont indispensables à la compréhension de la situation sécuritaire du Mali. La cartographie des processus de décisions, des cadres normatifs et des relations de coopération ou de compétition entre les acteurs met ainsi en évidence l’extrême fragmentation du paysage sécuritaire malien. Les relations entre ces acteurs sont caractérisées par des alliances et des rivalités très variables en fonction des intérêts stratégiques et de l’évolution de la géopolitique locale des conflictualités.

Il convient donc de prendre en considération les multiples acteurs qui interviennent dans le champ de la sécurité, de même que leur influence sur les processus décisionnels et de gestion de crises.

– En effet, au Mali, le caractère hybride de la gouvernance de la sécurité transparaît particulièrement dans la façon dont certains acteurs non étatiques se sont mobilisés, en opposition ou à l’inverse aux côtés de l’État et des forces internationales pour gérer et résoudre les conflits. En raison de la stratification sociale du Mali, ces acteurs non étatiques jouent un rôle considérable aussi bien dans l’exacerbation des conflits que dans leur résolution. Certains de ces acteurs ont parfois cherché à exercer des fonctions régaliennes, telles que la perception des impôts, la gestion de l’accès aux ressources naturelles, l’administration de la justice, la médiation.

– Par ailleurs, le caractère hybride de la gouvernance de la sécurité est également prégnant dans les différentes définitions géographiques et spatiales tout comme dans l’influence des normes et processus décisionnels de gestión des conflits qui mêlent cadre légal et références non écrites.